RAPPORT MORAL 2023

 

Pour cette nouvelle année je tiens à remarquer votre fidélité à MAP et vous en remercie du fond du cœur. Les temps sont de plus en plus durs.

Une pensée aussi pour ceux qui nous ont quitté pour le grand voyage. Nous continuons à faire de notre mieux pour aider les plus démunis.

 

NICE.

 

Avec l’association MIR une participation financière et active pour la préparation des repas distribués dans la rue.

 

Aide pour Maëline qui continue son combat, touchée par une maladie génétique rare (300 cas dans le monde), très peu de soins pris en charge, très peu de recul médical. Son sourire et l’amour des ses parents nous convainc de les aider financièrement.

 

La vente de chocolat à Noël nous a rapporté 500€ pour 2 000€ de chocolat vendus.

 

La fête annuelle chez Pierre et Shirley permet de nous retrouver devant des plats partagés et de remplir un peu notre caisse grâce aux généreux donateurs. 

Cette année 2024 elle devrait avoir lieu le 6 septembre.

 

MADAGASCAR.

 

Rose viens de rentrer après deux mois passés dans ce magnifique pays, hélas si pauvre.

De pire en pire soupire-t-elle, l’insécurité règne partout, on peut se faire tuer pour cinq euros.

Un ouvrier qui aide les religieuses est très bien payé, 1,30 € par jour, un professeur gagne 200€ par mois. 

Rose œuvre avec les religieuses de la congrégation trinitaire de Valence, puis avec MAP dans le quartier le plus pauvre de Tananarive, la capitale.

 

Voici quelques unes de ses actions :

- Don pour améliorer le quotidien de l’orphelinat, tenu par les religieuses, 200 enfants de 2 à 12 ans,

- Finition du trottoir du village pour éviter de marcher dans la boue pendant la saison des pluies,

- Amélioration de quinze toitures dans les cases, changement du toit en tôle par une toiture isolante,

il en reste encore beaucoup à isoler.

- Aide à Touki, un jeune atteint de tuberculose osseuse, de diabète, de maladie de la peau, à 19 ans il pèse 29 kg 

- Aide à une maman seule avec trois enfants, dont un de deux ans qui ne marche pas.

- Pour une autre achat de riz et de la marmite pour le faire cuire,

- Achat de 400 kilos de riz et visite de prisonniers tuberculeux, ils vivent une vingtaine dans la même pièce, dorment à même le sol collés les uns contre les autres et ne peuvent même pas se retourner tellement ils sont à l’étroit.

- Achat de deux lits, matelas, table, chaise, placard et couvertures pour une famille sans maman,

- Achat de matériel scolaire, vêtements, nourriture pour trois enfants sans père, habitant dans la brousse

- Aide pour une école,

- laissé un peu d’argent aux religieuses pour aider ponctuellement une famille (achat de nourriture, savon).

 

Rose pourrait vous en raconter encore beaucoup sur ses actions, mais elle est très modeste. Je suis heureuse de l’avoir découverte alors que nous préparions les repas à distribuer le soir dans la rue, avec l’association MIR.

Un très grand merci et un bravo du fond du cœur à toi Rose et à toi Maryel, qui œuvrez depuis douze ans, pour le temps que vous consacrez à ces actions humanitaires. Vous êtes fabuleuses.

 

BIRMANIE.

 

A défaut d’aller en Birmanie nous avons trouvé le moyen d’envoyer notre contribution pour aider la père Benjamin dans le delta. Il reçoit 120 enfants de riziculteurs dont 18 des régions sont ravagés par la guerre. Nous avons pu continuer à soutenir le dispensaire près d’Hsipaw, ainsi que Florence la jeune fille parrainée.

La situation politique reste répressive. Cependant dans les montagnes les armées antigouvernementales ont réussi à chasser, en s’unissant, l’armée des généraux. Celle ci s’est regroupée dans les plaines. La situation reste préoccupante, l’économie s’est effondrée et le peuple peine à se nourrir.

 

INDE.

 

Un des objectifs de cette mission de 2 mois qui vient d’arriver à son terme était de nous assurer que les travaux prévus après mon départ en février 2023 en ce qui concernait la construction de « l’Upper Primary School » avaient bien été effectués et les sommes confiées, correctement utilisées.

Et je dois dire que je n’ai pas été déçue : le bâtiment est superbe. Seul le premier étage n’est pas encore cloisonné, faute d’argent. Comme cela arrive souvent en Inde, le maître d’œuvre a mis la clef sous la porte, avant la fin des travaux, laissant des factures de fournisseurs impayées. Cela a occasionné des frais supplémentaires et notre partenaire indien s’est endetté pour que le bâtiment soit terminé fin juin 2023 afin d’accueillir 3 classes : CM2, 6ème et 5ème après les grandes vacances.

 

Les caisses étant vides, l’ONG a freiné sur les dépenses et donc une grande partie de mon travail fut : 

       de faire réparer tout le matériel en souffrance : pompe à main de la salle de bains en plein air des grandes, robinets, bicyclettes, jeux extérieurs : tourniquet, casse-cou, mixeur, etc

       d’améliorer l’ordinaire des enfants qui consiste en d’énormes portions de riz aux 3 repas, arrosées d’un Dahl très aqueux et des maigres légumes qu’elles auront pu faire pousser et devront se partager à plus de 160. Ce fut donc 2 œufs le mercredi, 80 à 100 g de poulet le dimanche et davantage de légumes, achetés au marché de Sikpalli le mercredi ou à des producteurs locaux.

 

Nous avons pris en charge pendant 2 mois tous les frais de bouche à part le riz, quoique…En effet le gouvernement indien avait consenti à leur vendre du riz à la moitié du prix du marché mais il fallait en prendre pour 6 mois, soit 360 sacs de 50 kg ! Au bout d’à peine 3 mois les mites alimentaires s’en sont donné à cœur joie (comme vous pourrez le constater sur les photos) et nous avons dû faire venir par 2 fois un « moulin », une machine pour nettoyer le riz. 45 centimes par sac de 50kg et ce sont les enfants et les professeurs qui ont fait tout le travail : transport des sacs jusqu’à la machine, ouverture, chargement de la machine, récupération du riz nettoyé et ré ensachage après nettoyage des sacs et transport dans un lieu non infecté. Un travail titanesque. 

Coût de l’opération pour le mois : 27 €. Cela vous paraît dérisoire et pourtant en mon absence, il n’y a personne pour prendre la décision de faire venir le « rice cleaning mill » car il n’y a pas de fonds prévus pour çà. (je leur ai bien sûr laissé de quoi faire venir la machine une troisième fois et acheter 70 kitkat  (friandise) pour les plus grandes (maigre compensation pour leur rude labeur…)

On dit, à juste titre, que l’argent est le nerf de la guerre. Je le mesure là-bas tous les jours et encore plus cette année où je devais faire avec seulement l’argent de M.A.P car je n’arrivais pas à avoir de nouvelles positives de la Fondation David Hadida qui nous soutenait depuis 2015.

Un vrai casse-tête pour établir des priorités et coller à notre budget.

Après concertation, il fut acté qu’une pièce étanche, à l’abri des rats, était nécessaire pour entasser la provision de riz, de pommes de terre, d’haricots de soja etc et libérer ainsi la salle de télévision qui me sert aussi d’habitude de salle d’anglais et que l’on n’a pas pu utiliser cette année à cause de cette infection de mites alimentaires : c’était irrespirable ! De plus cela ferait une corvée de moins pour les enfants qui doivent tamiser le riz pour ôter toutes les crottes de rat avant la cuisson.

 

L’ancien dortoir ayant été rénové l’an dernier, sauf la toiture en tôle ondulée, on en a cloisonné une partie et fait couler une dalle de béton en guise de plafond. L’espace entre le plafond et le toit pourra servir de grenier pour stocker tout le matériel au rebut et les cartons d’emballage en attendant qu’il y ait enfin un service de ramassage des encombrants.

 

Le 2ème gros chantier voté fut une extension de 60 cm de haut du mur construit par M.A.P. en 2013, suite à l’invasion de 30 vaches qui avaient en une nuit anéanti tout espoir de légumes pendant 3 mois ! Le mur de 320 mètres ayant été construit avec les fonds disponibles à l’époque est très étroit et seule une extension avec des fils de fer barbelés s’avérait possible. La sécurité de nos jeunes filles primant sur l’esthétisme, comme nous l’a intimé l’inspecteur d’académie.

Nous avons donc acheté tout le matériel : 1300 m de barbelés et des barres de fer « angles » que le forgeron a scié et soudé sur place pour confectionner 90 supports à cimenter sur les 90 piliers du mur d’enceinte pour y accrocher 4 rangées de barbelés. J’en ai profité pour lui faire réaliser  aussi un support pour 5 bicyclettes.

 

Malheureusement, je suis partie avant la fixation de ces supports, après moult coups de téléphone aux maçons qui avaient accepté le travail et des promesses qui sont restées des promesses. En Inde tout prend du temps et est énergivore !!! J’ai donc laissé de quoi les régler quand ils se décideront à venir… idem pour le menuisier qui nous confectionne 3 tables-bureaux pour les enseignants de 6ème, 5ème et 4ème puisque le 1er avril nous ouvriront la dernière classe du cycle Ecole élémentaire supérieure.

Nous avons aussi fait installer des ventilateurs (il faisait déjà 35°) : 9 dans les salles de classe mais il en faudrait le double et 3 de plus dans les dortoirs.

 

Achat de gros matériel de cuisine : marmite de 35kg (cela s’achète au poids) pour faire cuire du riz pour 180 personnes, énormes louches et écumoires et 5 méga réchauds à gaz car petit à petit on va être contraint d’abandonner la cuisson au feu de bois qui se raréfie.

 

Et ma plus grande fierté c’est d’avoir négocié au nom de M.A.P la location pour 5 ans d’un terrain à l’abandon, d’environ 1500 m2 jouxtant le campus pour une rente annuelle de 45 €. Terrain de sports et aire de jeux pour nos pensionnaires qui au fil des années et des constructions voient leur espace fondre comme peau de chagrin. 

Les négociations avaient été entamées l’an dernier et déjà, à mon arrivée, un portail donnant sur ce champ avait été installé ainsi qu’un filet de volley-ball. C’est la raison pour laquelle les propriétaires refusent toute clôture car ils ont peur de ne pas pouvoir récupérer leur champ ! Nous avons donc acheté une immense bâche pour recouvrir la fosse pour le saut en hauteur et en longueur que nous avons fait creuser, afin de protéger le sable des excréments d’animaux en tout genre. Malheureusement là encore j’ai manqué de temps car on attend toujours une autre équipe de maçons pour monter des murs en brique à l’intérieur et débordant sur 3 côtés afin de maintenir le sable à l’intérieur et fixer la bâche.

 

Nous avons fêté dignement Republic Day et Saraswati , déesse de l’Education : 3 jours de danses au son d’une sono tonitruante louée par les enfants. Le piquenique annuel a eu lieu sur le campus avec de nombreux jeux, style kermesse avec des prix à la clef .

Nous avons aussi identifié 11 jeunes filles qui se trouvent dans une situation particulièrement précaire de par la perte d’un ou même parfois des deux de leurs parents et nous venions juste de leur acheter les fournitures scolaires pour la fin de l’année et la nouvelle année qui débute le 1er avril, lorsque nous avons reçu la nouvelle tant attendue de la Fondation David Hadida comme quoi ils continuaient à nous soutenir. C’était le vendredi 2 mars et je partais le 7. Je vous laisse imaginer la joie sur le campus.

Dès le lendemain, je fonçais -à la papeterie pour acheter les fournitures scolaires pour l’année 2024-2025 pour tous, y compris les 25 petits CP qui vont faire leur rentrée dans moins d’un mois. Sans oublier les boites de craies, feutres, crayons de couleur et papier à dessin, au magasin de tissu pour commander davantage de tissu vert et de tissu blanc car je n’en avais acheté que de quoi faire les uniformes indispensables pour les nouveaux CP et pour les futures 6èmes. Mais maintenant chacune de ces demoiselles pourra avoir un nouvel uniforme et ce ne sera pas du luxe. Le couturier va pouvoir installer sa machine sous le préau et peut-être faire des émules. J’aurais aimé être là pour aiguiller vers lui certaines de nos pensionnaires qui ne sont pas du tout intéressées par les études.

A propos d’études, j’avais oublié, en plus des 7 professeurs nous avons engagé pour 2 mois, au nom de M.A.P, un professeur supplémentaire pour faire du soutien et de l’approfondissement en groupe restreint pour remonter le niveau et s’assurer que les notions fondamentales sont acquises. Les béances dues aux 2 années Covid sont loin d’être comblées. C’était aussi une manière de le tester car avec l’ouverture de la classe de 4ème, un 8ème professeur sera nécessaire.

 

Dernière grande nouvelle à vous partager : mi janvier, le gouvernement indien a reconnu notre école résidentielle et lui a accordé une habilitation pour 5 ans du CP à l’entrée en 3ème. Ce qui fait que nos élèves pourront avoir un certificat de fin d’études élémentaires supérieures homologué, qui leur permettra d’intégrer n’importe quel pensionnat du gouvernement.

On espère que cette décision entrainera une subvention du gouvernement, mais nous sommes en période électorale et donc tout est gelé jusqu’au mois d’août. C’est pourquoi notre partenaire indien a accueilli la décision de la Fondation David Hadida de nous venir en aide avec un profond soulagement et nous aussi car il est de plus en plus difficile de réunir des fonds car nous sommes tous constamment sollicités et j’ai scrupules à toujours vous demander de mettre la main à la poche.

 

Un grand MERCI pour votre fidèle soutien.

                                                                  MERCI pour elles ! Elles le valent bien !

 

Prenez soin de vous, Amitiés

 

Maryel Dutrey, Responsable de projets Inde pour M.A.P. France