RAPPORT ACTIVITE MAP 2012

 

L’année 2012 n’a pas été facile et elle s’est terminée tristement pour certains pays.

Malgré tout, MAP continue à aller de l’avant avec sa petite équipe toujours enthousiaste et avec votre aide précieuse.

MALI

Nos amis maliens se sont exilés dans les pays voisins où dans les villes encore calmes. A Bamako, Aminata a ouvert sa maison à sa famille et à ses amis qui ont du fuir Goundam. Ceux qui n’ont pas pu fuir connaissent la faim, la misère, la peur et des drames. Notre ami journaliste Assoura nous a décrit la vie à Tombouctou avant l’intervention de l’armée. C’était l’horreur. Aliou, du village de Fafa, entre Gao et la frontière du Niger, a pu nous téléphoner et nous donner de courtes mais bonnes nouvelles, en quelques secondes, avant que la communication ne soit coupée. Le village n’a pas été touché par les évènements.

Notre aide n’a pu être que financière, achat de matériels et de médicaments à Bamako.

THAÏLANDE

Des amis ont pu porter, pour MAP, 1000 euros à l’école de Baan Marina, tenue par des religieuses. Comme tous ceux qui ont eu la chance de découvrir cette école, ils en sont revenus enchantés par la gentillesse des religieuses et leur dévouement pour ces jeunes filles à qui elles enseignent la couture et obtiennent du travail après deux ans d’apprentissage. Cela évite qu’elles se retrouvent sur les trottoirs de Bangkok.

CAMBODGE

Ces mêmes amis ont également porté l’argent du parrainage à monsieur Prak Man, notre correspondant au Cambodge pour les deux écoles d’Athakrass et Maha Knhaung. Comme toujours, malgré son âge avancé et la fatigue, monsieur Prack Man a aussitôt acheté des fournitures scolaires et les a distribuées aux deux écoles en nous faisant parvenir photos, factures et remerciements. Il nous renouvelle sa demande pour réparer le plancher du bureau emporté par les inondations. Il va falloir trouver des fonds supplémentaires : 600 euros, « à votre bon cœur, messieurs, dames »….MAP aide ces écoles depuis 1983 et 1996, mille deux cents enfants au total.

Les parrainages de Marie-Claude, avec Sokha notre correspondante sur place : là aussi, nos amis ont porté 1500 euros pour le premier trimestre 2013 et sont revenus enchantés par le dynamisme de Sokha.

NICE

Notre action continue avec l’association M.I.R. crée par le père Patrick Bruzonne, curé de l’Ariane.

La distribution des repas a doublé mais nous n’avons hélas pas pu augmenter notre aide financière.

Les cotisations, les parrainages, deux fêtes à Gairaut chez Shirley, un restaurant pour l’AG et quelques dons nous permettent d’aller vers les plus démunis mais c’est dur de trouver des fonds.
Si vous avez des idées pour remplir nos caisses, elles sont les bienvenues et 

 

en 2013, venez nombreux à nos 2 fêtes :

                       le 31 mai et le 6 septembre

 

 

Encore merci pour votre soutien  et votre fidélité ! Bien à vous

La Présidente, Shirley Saramito.

 

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Neuvième séjour en Birmanie - Compte rendu du soutien humanitaire de MAP

(décembre 2012 –janvier 2013)                        

  

 

Cette fois-ci seule Lisbeth a été en mesure de faire le voyage, Pat ayant dû renoncer au dernier moment à cause de difficultés administratives dans l’université nigériane où il enseigne, de même que Michel pour des raisons de santé. Comme au cours des années précédentes, l’essentiel de ce compte rendu va porter sur le soutien humanitaire dans le domaine éducatif auprès de l’association « Irrawaddy Homeland » animée par le Père Benjamin, ainsi que dans le domaine médical auprès de l’association « The Light of Asia » présidée par le Dr Kyaw Htin dans un village à l’est de Mandalay.

Avant de me diriger vers l’ouest du pays, puis vers le nord, j’ai tout d’abord rencontré à Rangoun la Sœur Theresa, directrice de l’orphelinat/pensionnat Saint-Joseph, situé à Mawlamyine (fondé en 1853 par des religieuses de Gaillac). Parmi les quatre pensionnaires affectées par une maladie épidermique, les médicaments que nous avions pu acheter il y a deux ans sur les conseils d’un médecin de Rangoun, ont permis la guérison complète de deux d’entre elles ; les deux autres, moins chanceuses, sont retournées dans leur famille. Comme il avait été convenu auparavant avec Theresa par courrier électronique, nous avons alloué cette année une somme d’argent à la disposition de la petite pharmacie du pensionnat (car si l’évêque fournit au pensionnat une quantité de riz suffisante pour l’année, et si les leçons particulières d’anglais données par Theresa aux adolescents de la ville couvrent les frais généraux, les médicaments restent indéniablement hors de prix). Par ailleurs, une amie de chez nous, Dominique Mandrilly, avait prié Theresa de sélectionner une jeune fille particulièrement méritoire pour être parrainée. Après mûre réflexion, Theresa a porté sa confiance envers une dénommée Lucy, élève sérieuse, travailleuse et animée d’une générosité qui laisse présager qu’au terme de ses études, celle-ci se tournera vers une profession au service de ses concitoyens.

Il y a quelques années, MAP avait contribué à la construction de barques de pêcheurs dans une des zones ravagées par le cyclone Nargis, au sud de Rangoun (début mai 2008). Grâce aux connaissances de Lisa, présidente de l’association « Women for the World », j’ai pu entreprendre le trajet en autocar jusqu’à Kungkaunkun, hameau au bord d’un bras du delta, où j’ai été accueillie par le chef de cette petite communauté, U Thay Aung. Un jeune moine, à l’aise en anglais, s’est joint à nous, facilitant ainsi la communication. Les deux hommes m’ont expliqué que dans ce hameau la hauteur d’eau due à l’inondation, conséquence du cyclone Nargis, n’avait été que de 40 centimètres; mais toutes les maisons ont néanmoins été détruites car les murs de bambou n’ont pas résisté à plusieurs jours de contact avec l’eau de mer. Le monastère, qui jouxte le hameau, a alors accueilli tous les habitants pendant quatre mois, ainsi que ceux des agglomérations environnantes, le temps nécessaire à la reconstruction des habitations en matériau durable, grâce à l’aide financière d’Oxfam et de Swiss Aid. Actuellement, les habitants doivent se rendre quotidiennement au monastère afin de puiser l’eau potable de l’unique puits de la région. Le cataclysme de mai 2008 a eu comme conséquences heureuses l’intervention d’organisations humanitaires, le rapprochement entre les moines et la population locale, tout comme une prise de conscience nouvelle grâce à l’intervention fréquente de Lisa et de son équipe particulièrement dynamique composée de jeunes bénévoles qui n’ont pas épargné leurs forces pour secourir et redonner espoir aux nombreux sinistrés. C’est sous son initiative qu’a été créée une Banque du Riz locale, à l’image de celle qui fonctionne dans le delta. Les paysans des lieux, jusqu’alors recroquevillés sur eux-mêmes dans un sentiment d’isolement, ont pris confiance en eux et se prennent désormais en main : ils ont appris à faire en sorte de s’alimenter en appliquant des méthodes d’agriculture biologique, et mieux se prémunir contre les dangers naturels. A mon retour à Rangoun, alors que je relatais ma récente visite à Lisa, celle-ci m’a promis de m’accompagner l’an prochain à Bemî, village de pêcheurs qui a bénéficié notamment du soutien de MAP pour la reconstruction de barques détruites au cours du déferlement du cyclone.

 

Association « Irrawaddy Homeland », au sud-ouest du pays

Domaine agricole

Depuis plusieurs années le souci constant de Benjamin est de rendre autosuffisantes les activités dont il est responsable. Dorénavant, la culture du riz subvient aux besoins de tous les enfants et adolescents de l’école de brousse, du pensionnat de Myaungmya et du foyer estudiantin de Pathein. Les dernières récoltes ayant été plus abondantes, la condition des riziculteurs s’est fortement améliorée. Benjamin étudie actuellement la possibilité de commercialiser régulièrement le surplus de riz dont la vente contribuera à couvrir les frais de gestion de la communauté. Avant la création de la Banque du Riz par Benjamin en 2003, les paysans se trouvaient dans l’obligation d’emprunter à usure, et comme souvent ils ne parvenaient pas à rembourser leurs dettes, les usuriers saisissaient systématiquement leurs terres. Grâce également au soutien financier d’AVSI, Ong milanaise, qui a contribué à les libérer de leurs dettes, les parents bénéficient d’un revenu décent et peuvent donc envisager de racheter leurs terres ; les enfants sont à l’abri du besoin et les seuls qui restent à la charge de Benjamin sont les orphelins rescapés du cyclone Nargis. Dégagés de la hantise de la famine, les paysans ont décidé d’abandonner les fertilisants chimiques qui, en plus d’être dangereux pour la santé, rendent le sol dur jusqu’à devenir impénétrable. A la place, ils ont recours à une plante qui fertilise la terre d’une manière biologique, la laissant souple et perméable.

 

 

L’école de brousse

            Cette école, non étatique, accueillant cent seize élèves, est subventionnée par des mécènes milanais. Bien que les diplômes ne soient pas reconnus par l’Etat, les paysans alentour la préfèrent dans leur grande majorité à l’école officielle parce que l’enseignement y est de bien meilleure qualité : classes plus petites et enseignants plus motivés. En outre, des stages professionnels sont à la disposition des élèves au terme de leur scolarité.

La porcherie du pensionnat de Myaungmya

            L’épidémie qui avait décimé l’élevage de porcs l’an dernier n’est plus qu’un mauvais souvenir. Une nouvelle porcherie, à l’écart des locaux du pensionnat, a été construite depuis, répondant à de meilleures normes sanitaires. Son fonctionnement est désormais la responsabilité de deux jeunes femmes employées à plein temps, et logées dans une maisonnette en bambou. Dans ces circonstances, les cochons prospèrent : leur vente assure le revenu principal du pensionnat, complété par la commercialisation des noix de cajou cultivées près de l’école de brousse.

Le pensionnat

            Le gouvernement ayant promis que l’électricité ne serait plus coupée pendant la journée, tout au moins jusqu’aux prochaines élections, les conditions de vie se sont sensiblement améliorées. Les élèves semblent nettement plus épanouis : en dehors des horaires scolaires proprement dits, ils occupent leurs loisirs à s’initier à la danse et à la peinture. Il est réconfortant d’observer que même si la vie de ces enfants reste rudimentaire en comparaison avec celle de nos jeunes concitoyens en général, l’amélioration est perceptible : elle se manifeste par des visages plus souriants que les années précédentes.

            Le foyer estudiantin à Pathein

            Pour l’année 2013, le soutien financier de MAP se portera, comme auparavant, sur les bourses d’études d’une vingtaine d’étudiants (dans les matières suivantes : mathématiques, physique, biophysique, chimie, microbiologie, géologie, mécanique, droit et anglais). De l’avis même de Benjamin, les étudiants, bien qu’assidus, manquent d’enthousiasme dans l’ensemble car ils se rendent compte que leur formation est trop théorique, et par conséquent peu adaptée à une application fructueuse auprès de leur communauté, une fois leurs études achevées. C’est pourquoi Benjamin, soucieux de leur épanouissement, tout comme de leur rôle souhaité dans l’amélioration des conditions de vie de la communauté dont ils font partie, a décidé de leur permettre de faire un stage concret postuniversitaire pour acquérir des connaissances (notamment en comptabilité, informatique et dans la pratique de l’anglais) directement applicables aux besoins de leur communauté.

 

Association « The Light of Asia », à l’est du District de Mandalay

Le centre médical de Kan Gyi Khon

Ce centre médical a reçu la visite en été 2012 de deux médecins de Nice, les Dr Mariane Casari et Xavier Bihr. A leur retour, ils nous ont fait parvenir un compte rendu très positif, ce qui est pour nous un nouveau gage de confiance et d’encouragement. Le médecin de service et le chef du laboratoire qui m’ont reçue à Kan Gyi Khon ont signalé le matériel médical le plus urgent à acquérir :

         °   une hémocure (appareil destiné aux analyses de sang),

         °   trois micro-pipettes de dimensions différentes pour détecter l’anémie des femmes enceintes.                              

Suivant les conseils du médecin et du chef de laboratoire, je suis retournée à Mandalay en compagnie du Dr Kyaw Htin (Président de l’association « The Light of Asia ») pour acheter ce matériel médical. Par ailleurs, l’an dernier nous avions participé, par l’intermédiaire de MAP, à l’acquisition d’une ambulance mise au service du centre médical. La contribution de MAP s’était élevée à un tiers du montant ; cette année notre contribution a pu permettre de régler le reliquat (voir en fin de compte rendu les détails comptables). J’ai appris avec satisfaction que l’ambulance rend de fréquents services pour le transport urgent des femmes sur le point d’accoucher, des malades gravement atteints, de même que des accidentés de la route.

Le monastère bouddhique

Lorsqu’il y a plusieurs années nous avions pris contact avec ce monastère pour la première fois, nous supposions, trompés par les apparences, que c’était un foyer douillet pour religieux à l’écart des turbulences de la société birmane et des souffrances nées de la misère qui frappait la majorité du peuple. Nous étions loin d’imaginer le rôle important joué par ces moines qui, sans faire de vagues à l’extérieur, offraient à l’intérieur un refuge pour femmes et hommes soucieux de préparer l’avenir social, culturel et politique de la Birmanie.

Notre vision du monastère a changé en 2008 lorsque nous avons été informés qu’à la suite du passage du cyclone Nargis, plusieurs moines, dont le supérieur du monastère, étaient allés passer quarante-cinq jours dans un village du delta afin de prêter main-forte à la population sinistrée (soins d’urgence apportés aux blessés, fourniture de vêtements et d’aliments de première nécessité, reconstruction d’abris de fortune). Il est indéniable que le cataclysme de 2008 a joué un rôle de catalyseur : les moines ont acquis une conscience sociale nouvelle ; conséquemment, le monastère est devenu un ferment de subversion politique, tout en se prémunissant contre les interférences délétères des sbires trop zélés du gouvernement. C’est actuellement un lieu privilégié où se rencontrent des personnes de bonne volonté, de toute obédience : les bouddhistes partagent ainsi leurs vues sur l’avenir du pays avec des chrétiens, des musulmans et même avec des personnes à la foi laïque affichée (rareté dans ce pays !). Dans une perspective de tolérance réciproque, les participants, futurs dirigeants potentiels de la Birmanie à inventer, font l’apprentissage de la démocratie et s’exercent à s’exprimer en public pour parvenir à plus d’aisance et une plus grande efficacité rhétorique. Des bénévoles spécialement formés viennent régulièrement assurer la coordination entre les Ong internationales et les instances birmanes. D’autre part, des stages ont lieu régulièrement à l’intention des jeunes enseignants (formation pédagogique) et des jeunes agriculteurs (initiation aux méthodes modernes d’agriculture biologique).                   

La Nouvelle donne politique

            Il est désormais officiellement autorisé de critiquer le gouvernement, phénomène complètement inattendu il y a seulement deux ans. Jusqu’à preuve du contraire, il serait toutefois prudent de ne pas s’aventurer trop avant dans cette nouvelle liberté… Néanmoins, un certain nombre de libertés sont palpables : il est maintenant licite d’accepter l’hospitalité d’un habitant sans encourir six semaines d’enfermement comme précédemment ; les contrôles de passeports auprès des étrangers au cours de trajets en autocar sont moins fréquents ; il est autorisé de changer à un taux officiel des devises étrangères dans une banque, et les écoles privées vont être officiellement reconnues. Dans un tel climat d’espoir, il n’est pas surprenant que le chef du gouvernement, Thein Sein, malgré ses antécédents, jouisse d’une notoriété grandissante car il s’est montré capable, jusqu’ici, de faire avancer le pays dans le sens de la démocratie, tout en ménageant l’arrière-garde de son parti qui n’a rien perdu de son pouvoir de mettre un frein à la modernisation politique du pays, et même de faire machine arrière et ressusciter la loi martiale de l’impitoyable régime naguère encore verrouillé par les militaires.

            Pour revenir brièvement à une région qui nous est chère, celle de Myaungmya, abritant notamment une importante communauté karen, Benjamin me confie avec un petit sourire malicieux qu’il nourrit l’espoir que sa région fera probablement l’objet d’un développement substantiel, en particulier grâce au fait que celle que l’on nomme avec admiration la « Dame de Rangoun » est originaire d’une famille qui habitait la ville de Myaungmya. Benjamin est confiant qu’elle ne sera pas indifférente au souvenir de ses origines…

                                 

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« Ce n’est pas le pouvoir qui corrompt, mais la peur : la peur de perdre le pouvoir pour ceux qui l’exercent, et la peur des matraques pour ceux que le pouvoir opprime ».

         Aung San Suu Kyi , Se libérer de la peur, 1991

 

Lisbeth

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Parrainage Cambodge 2012

Nous avons démarré ce projet en 2001, depuis 12 ans nous avons pu aider près de 100 enfants à aller à l’école, nous avons distribué 30 bicyclettes aux enfants entrant au lycée et chaque famille a reçu 2 sacs de 25kg de riz par an.

4 filles ont atteint le niveau universitaire et une a obtenu un diplôme dans le tourisme

Suite aux nombreuses inondations Sokha a construit le centre en dur, elle met aussi en place un nouveau projet : donner des cours après l’école, l’enseignement serait fait par les anciennes élèves. Ce projet est intéressant et aiderait nos enfants parrainés mais aussi d’autres, nous avons déjà 30 inscriptions pour la rentrée prochaine.

Pour tout cela nous avons besoin d’aide, un grand merci à tous les parrains qui ont contribué à cette action et un grand merci à tous ceux qui accepteraient de nous aider pour la prochaine rentrée scolaire, merci, merci…….

 

Marie-Claude

 

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INDE – Rapport 2012

 

       La région de Malkangiri, Orissa, où est principalement concentrée notre action en Inde, étant interdite aux étrangers depuis l'an dernier à cause de l'enlèvement de deux touristes italiens en mars 2012, puis de fonctionnaires indiens, je savais que je ne pourrais pas m'y rendre, du moins officiellement, et y séjourner suffisamment pour mener à bien notre nouveau projet : la construction d'un préau.

       J'avais donc décidé de réduire ma mission à 5 semaines et de me consacrer essentiellement à l'enseignement et à la formation des institutrices dans l'école expérimentale créée par notre partenaire indien, l'Ong NYSASDRI.

       Cette école, située à Kashipur, à seulement trois heures de route de la capitale de l'Orissa, Bhubaneswar, a ouvert en février 2010. L’enseignement y est dispensé en anglais, l'objectif étant la formation d’une élite composée d’enfants appartenant à différentes tribus ou à d'autres populations défavorisées, afin qu’ils aient bientôt leurs propres porte-parole car, comme je le mentionnais dans mon rapport de l'an dernier, c’est sur le terreau de l’ignorance que les Naxalistes (Maoïstes) cultivent les germes de la rébellion. C'est la raison pour laquelle M.A.P. a décidé l'an dernier de parrainer trois fillettes, les parents étant mis à contribution pour le ramassage scolaire et certains frais de fonctionnement.... ce qui est rédhibitoire pour certains....

         J'étais un peu sceptique au départ car les enfants commencent en Maternelle; mais j'ai pu me rendre compte cette année que les enfants qui sont maintenant en CP et CE1 ont une autre vivacité, une autre rapidité de compréhension que mes fillettes du même niveau à Tandapalli. C'est pourquoi nous avons décidé d'étendre notre parrainage à 5 fillettes pour l'année scolaire 2013-14.

       Coût : 180 € x 5 = 900 €

       Pour que les institutrices puissent continuer l'enseignement plus ludique mis en place, nous avons investi dans un lecteur de clé USB, des haut- parleurs et des clés sur lesquelles j'ai pu

transférer une bonne partie du contenu de mon ordinateur : chansons, jeux, exercices de prononciation..., ainsi que dans de la papeterie etc., pour réaliser des affiches éducatives. Coût: 87 €, auquel s'ajoute le matériel pédagogique acheté en France à partager entre l'ODM School de Kashipur et SEED Konyashram à Tandapalli, Malkangiri District. Coût : 64 €.

 

       Car malgré l'interdiction, j'avais confiance en ma bonne étoile et espérais bien pouvoir me rendre à Tandapalli, même brièvement. Sarang Samal, le directeur de l'ONG avait beau me dire que tout fonctionnait bien là-bas cette année, mais ayant été échaudée l'an dernier, j'avais besoin de le voir pour le croire et pouvoir en témoigner auprès de mes généreux donateurs et du bureau de M.A.P.. Il m'organisa donc, la deuxième semaine, une visite éclair en jeep avec deux gardes du corps capables de parlementer avec la police ou l'armée au cas où on serait contrôlé, ce qui par chance n'arriva pas ! Deux jours de voyage assez éprouvants, de par l'état des routes mais aussi en raison du stress de mes accompagnateurs qui craignaient que nous soyons pris en otage par les Maoïstes.

 

      Mais quelle merveille que d'arriver chez soi!!! De retrouver tous ces sourires et un Campus très bien entretenu! Comme quoi nos coups de gueule, de Vincent et les miens, ont porté leurs fruits! Et comble du bonheur: 3 jeunes filles niveau BAC et BAC +2 pour enseigner et résider sur le campus, et Anna, la prof de maths, à 2km. Nouveaux bananiers, champs de tomates, d'aubergines, cela faisait plaisir à voir.... à part que... il faut toujours que je râle...ces nouvelles cultures s'étendaient sur l'espace que nous avions fait aplanir comme terrain de volley, de basket et tout autour de la fosse aménagée pour le saut en longueur et en hauteur!!!! Colère rentrée, explications demandées; cette fois j'avais avec moi 2 personnes se débrouillant correctement en anglais et j'appris que le terrain choisi l'an dernier était le meilleur pour l'agriculture, comme s'ils n'avaient pas pu me le dire avant!!! Difficile de savoir l'an dernier car tout était à l'abandon, mais il est vrai que la toute première année ce terrain était cultivé... J'ai donc capitulé, non sans avoir au préalable négocié un couloir au milieu du champ de tomates de manière à ce que les fillettes puissent prendre leur élan pour continuer à sauter et on a trouvé un autre lieu pour le terrain de volley ou badminton.

       Tout cela m'avait confortée dans mon idée de construction d'un grand préau. Un endroit bien à elles, sur lequel personne n’empiéterait. Je les voyais déjà jouer, étudier, danser à l'abri du soleil et surtout des pluies diluviennes. On a même choisi l'emplacement, pris des mesures, tracé le périmètre à la cendre, estimé le coût, etc.

       Et patatras! Dans la nuit 40 vaches ont franchi la clôture et se sont repues de tomates, aubergines, tendres feuilles de bananier et des épinards qui poussaient sur les pentes de nos jardins hydroponiques!!! Un vrai carnage!! C'était à en pleurer! Tout ce travail, du personnel mais aussi des enfants, parti en fumée ou plutôt dans la panse de ces ruminants! Et donc trois mois de légumes en moins pour améliorer la sempiternelle platée de riz !!!!

       J'ai donc changé mon fusil d'épaule et bien malgré moi en suis arrivée à la conclusion que le préau pouvait attendre et que construire un mur d'enceinte était devenu la priorité. La proposition ayant été approuvée par M.A.P  : on a mesuré le périmètre : 350 mètres, on a demandé des devis, comparé les différents fournisseurs et estimé le coût à entre 6000 et 6500 €. Nous nous sommes engagés sur 6000 € à condition que le mur encercle en totalité le campus, de manière à ce que ni cochons, ni chèvres, ni chiens, ni vaches ne puissent y pénétrer. NYSASDRI a promis que l'ONG compléterait de sa poche si nécessaire. Nous sommes obligés de déléguer, par la force des choses mais il a été stipulé que nous enverrons les derniers 1000 € uniquement lorsque nous aurons les photos du mur terminé ! J'ai laissé 1000 € pour commencer les achats et notre Présidente, Shirley, a transféré 4000 € directement sur le compte de SEED. Le mur devrait être achevé avant la fin avril 2013.

     Quatre jours sur place, mais le personnel et moi-même n'avons pas chômé : Jogga a réussi à abaisser les trous dans l'urinoir, grâce à la mèche à céramique apportée de France, pour que les fluides s'écoulent entièrement et ne faussent plus nos calculs pour la dilution fertilisante nécessaire à la culture hydroponique. Jogga et Bipin ont creusé et mis à nu les tuyaux d'épandage, retiré et lavé les graviers qui étaient encrassés et remis le tout en place, et le filtre à sable s'est remis à fonctionner correctement.( Il faudra songer à transformer deux WC en douche avec évacuation vers la mare, pour éviter de saturer le système d'épuration....) Tout le monde a mis la main à la pâte pour préparer un repas de fête avec 15kg de poulet, légumes divers et variés ! Remise en état de deux bicyclettes. Commande de ceintures et de cravates pour redonner l'éclat d'antan à leurs uniformes ! 104 paires de tongs, une tenue complète pour Sunil, seul garçon et orphelin de l'école, des fournitures scolaires pour tous les enfants et la constitution d'une réserve pour la nouvelle année scolaire qui commence en avril, une bourse de 30 € par an pour permettre à Kolpana de continuer ses études en 6ème dans une école du gouvernement. Kolpana est la petite fille qui a été opérée l'an dernier d'un strabisme extrême, grâce à M.A.P. et qui est devenue une superbe jeune fille qui ne se cache plus ! En comptant le matériel acheté pour le campus : seaux en fer, carrelage pour protéger le mur derrière l'évier, moustiquaires pour éviter que les feuilles ne tombent dans les WC, abonnement à un quotidien pour que ces jeunes professeurs ne se sentent pas trop coupées du monde, participation aux frais d'essence pour cette tournée d'inspection de plus de 1600 km, nous arrivons à un total de 510 €.

       J'étais ravie de cette escapade car elle m'a permis de constater, de visu, que les 30 lits et 9 des 11 ventilateurs achetés l'an dernier avaient bien été livrés et installés. Les 2 derniers ne rentrant pas dans le véhicule attendent sagement un moyen d'être acheminés depuis Bhubaneswar. Les manuels scolaires étaient en nombre suffisant. Une bonne équipe pédagogique avait été formée, le campus était bien entretenu, à part peut-être les clôtures par endroits ; une adulte était volontaire pour superviser la culture hydroponique. Le seul bémol c'est qu'il n'y a toujours pas de directeur ni de directrice, un accord n'ayant pas abouti avec la jeune femme choisie l'an dernier.

     J'étais ravie aussi parce que j'ai pu leur apporter le lecteur de CD que nous avons eu en prime avec la vente des chocolats de Noël, ainsi que des jeux éducatifs récoltés par Shirley et d'autres achetés neufs ou d'occasion. La grande salle de classe, deux soirs de suite, est restée ouverte en soirée, on a formé des groupes autour de différents jeux et les rires fusaient de toute part, une fois qu'elles avaient compris les règles du jeu. Dur de dire qui des élèves ou des profs étaient les plus enragées ! Espérons que cela continue au moins une fois par semaine, car rien de tel pour dégourdir les neurones ou les réflexes dans la bonne humeur !

Vivement qu'elles aient leur préau pour avoir jeux et livres à leur disposition dans des armoires sous la responsabilité des plus grandes !

 

Maryel

 

 

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