MISSION 2014-2015

INDE Rapport moral 2014-2015

           M.A.P.- France & S.E.E.D. Konyashram à Tandapalli, Malkangiri district, Odisha

 

            Pour la sixième fois, j'ai bouclé mon sac à dos, direction Tandapalli. Cinquième séjour en tant que directrice de projets M.A.P. en Inde.

            Depuis nos actions, le campus est méconnaissable : sanitaires, épandage écologique, eau courante, électricité traditionnelle et solaire, urinoirs, jardins hydroponiques, mur d'enceinte de 350 mètres et un préau de 120 m2 sont les réalisations de M.A.P.-France les plus marquantes.

            Cependant, l'Inde est en pleine mutation et ce qui était acceptable en 2009 ne l'est plus à présent. Sans toutes ces améliorations des conditions de vie que nous avons apportées, les services sociaux auraient déjà fermé l'école. Nous avions pressenti que la prochaine pierre d'achoppement serait l'état de délabrement du dortoir et avions commencé à récolter des fonds et démarcher des Fondations en vue de la construction d'un nouveau dortoir.

Nous savions la situation préoccupante, mais nous ne pensions pas qu'elle allait empirer aussi vite. Mi-décembre une inspection de fonctionnaires du gouvernement central indien, qui fournit la base de la nourriture de ces petites filles, a déclaré le dortoir insalubre et menacé de fermer l'école si un nouveau dortoir n'était pas construit pour la prochaine rentrée scolaire, c'est à dire mi-juin !!!

            Devant l'urgence de la situation, notre partenaire local, l'ONG indienne NYSASDRI, a contracté un emprunt pour lancer les travaux au plus vite et nous a contacté.

MAP-France a répondu immédiatement à leur appel en débloquant 2500 € qui se sont ajoutés aux 3700 € que nous avions collectés en 2014. Le 7 janvier je m'envolais pour Delhi et après une escale forcée à Istanbul et des retards dans les trains, j'arrivais enfin le 11 au siège de l'association à Bhubaneshwar...Ils avaient déjà fait le calcul des sommes disponibles entre les différents donateurs, conclu que l'on ne pouvait pas se permettre de construire plus de 170 m2 habitables et envoyé un homme de confiance, Ramesh, sur place pour démarrer le chantier .

            J'étais catastrophée car cela impliquait qu'une cinquantaine de petites filles ne pourraient plus être scolarisées faute de place dans l'internat ! Du coup le 12 janvier, avant de prendre le train pour Tandapalli, j'ai tenté le tout pour le tout et j'ai ré-expédié par internet tout le dossier de demande de subvention auprès de la Fondation David Hadida. Bien m'en a pris car mon envoi précédent n'était pas parvenu à destination.

            Et le 20 janvier à 10h du soir en Inde je reçois un coup de fil m'informant qu'à l'unanimité la subvention de 10 000 € nous avait été accordée !!! Je vous laisse imaginer ma joie et celle de mes amis indiens que je n'ai pas pu m'empêcher de réveiller !

Il n'était plus question de renvoyer des enfants, mais il fallait revoir les plans... Les fondations étant déjà faites pour, au rez-de-chaussée, une longue pièce de 72 m2 habitables avec devant une véranda de 40 m2 où se trouverait l'escalier pour monter à l'étage, il ne restait comme possibilité que de faire une extension. J'optais donc pour prolonger le bâtiment en rajoutant 2 piliers, soit 7,60 m et de ne pas faire de véranda, de manière à avoir une belle pièce d'environ 60 m2 pour les CM2 en bas et les CM1 au premier - les plus grandes ayant besoin de plus d'espace.

Et nous voilà embarqués dans la construction d'un bâtiment de 23 mètres sur 9 mètres, soit 207 m2 au sol et tout ce que cela implique pour gérer la main-d’œuvre, les fournisseurs, les transporteurs, calculer les matériaux à commander, négocier les prix, vérifier le travail, tenir la comptabilité, donner un coup de main avec les enfants pour acheminer les briques ou pour arroser le ciment au petit matin afin qu'il ne sèche pas trop vite. Nous n'avons pas chômé. Nysasdri m'avait envoyé une jeune fille charmante et parlant bien Anglais, Pinky, pour me seconder et servir d'intermédiaire.

            Quand je suis partie fin février les murs étaient au niveau du linteau au-dessus des fenêtres, le sol  en partie empierré et l'étayage commencé. J'aurais bien aimé rester pour assister au coulage de la dalle de toit mais impossible de changer mon billet d'avion... Pinky et Rohit, le Directeur, se chargèrent de mener à bien cette opération périlleuse, et d'après les photos que j'ai reçues, ils s'en sont bien sortis ! Tous les matériaux avaient été achetés et livrés avant mon départ pour terminer le rez de chaussée. Portes et fenêtres commandées, avec chèques à remettre à réception ; paye de la main-d’œuvre estimée et provisionnée. Seule chose que j'avais mal évalué, c'était la quantité de bois nécessaire pour l'étayage. Comme il est très cher et difficile à se procurer (dans cette région qui, il y a une cinquantaine d'année, était couverte de forêts !), ils ont décidé de faire la dalle en 2 fois, de manière, 20 jours plus tard à récupérer les bois et s'en servir pour l’étayage de l'extension. Cependant, je pense que, pour des raisons d'étanchéité, la dalle du toit devra être faite en un seul morceau. Affaire à suivre. D'ailleurs, j'y retournerai en septembre-octobre pour réceptionner les travaux, voir si des améliorations sont nécessaires et finaliser le projet. Sachez néanmoins que d'ors et déjà, les sommes allouées par MAP-France et la Fondation David Hadida ont été dépensées dans la construction du rez-de-chaussée, qui est la partie la plus onéreuse du bâtiment. Comme convenu, c'est à notre partenaire indien de terminer le travail avec ses fonds propres et ceux des autres donateurs.

            Le montant dépensé pour la construction du dortoir, factures à l'appui, s'élevait alors à 1.131.926 roupies, soit environ 16 650 € au taux d'1 € = 68 Rs car malheureusement l'euro n'a pas arrêté de baisser, il était à 80 avant Noël !

            Au cours de ces 7 semaines sur place nous avons organisé une grande compétition sportive avec récompenses, des soirées jeux, sous le préau, avec matériel apporté de France comme ballons kangourous et pilate, puzzles, cartes, etc... Remise en état des 4 bicyclettes et achat d'une cinquième très petite pour initier les CP et CE1. Installation d'un filet de badminton sous le préau-réfectoire-salle d'études et de jeux. Distribution de fournitures scolaires et de chaussures . Achat de matériel sportif, de cuisine, de jardinage. Amélioration de quelques repas. Coût : 220 €. Sortie de classe désormais traditionnelle : pique-nique au lac de Satiguda qui cette fois nous a coûté plus cher  157 € au lieu de 90 € l'an dernier car on a dû louer un bus. Parrainage de Kolpana qui va rentrer en 4ème. Coût : 42€.

Nous avons aussi procédé à des améliorations en ce qui concerne le préau pour éviter que les fortes pluies de mousson  n'y pénètrent : une avancée de toit au nord et au sud d'environ 1,40 m de large sur 16 m de long. Coût : 941 €. Et notre fierté : Installation  sur le toit d'un panneau solaire de 80 watts avec une batterie de 135 CV et 6 lampes, ce qui fait que les enfants peuvent faire leurs devoirs sans s'abîmer les yeux, les coupures de courant ayant toujours lieu de 19h à 21h ! Coût : 531€.

            Nous avons donc dépensé 1891 € en plus de la construction du dortoir. Notre partenaire indien nous a servi de banquier et nous espérons qu' avec votre aide, la collecte de fonds 2015 nous permettra de retomber sur nos pieds ! Nous travaillons tous dans le même but : la pérennité de cette école, l'amélioration des conditions de vie et d'hygiène et la qualité de l'enseignement pour ces 120 petites filles qui sans ce pensionnat ne seraient, pour la plupart, pas scolarisées.

            Mon seul regret c'est de n'avoir pas pu, cette année, consacrer suffisamment de temps à l'enseignement de l'Anglais et à la formation des institutrices et j'aspire à un séjour où je ne sois qu'enseignante... Mais il y a encore tant à faire...

 

Maryel