Mission 2013-2014

 INDE 2013-2014

 

       M.A.P. - France & SEED Konyashram à Tandapalli, Malkangiri district, Orissa.

 

       Les régions tribales sont toujours interdites aux étrangers, sauf autorisation spéciale, en raison des menaces Maoïstes. Mais, étant donné que sur ma demande de visa j'avais bien mentionné que je comptais séjourner dans la région de Malkangiri, et qu'on m'avait accordé le visa, j’ai tout mis en œuvre pour pouvoir séjourner, cette année, pendant 5 à 6 semaines au pensionnat de Tandapalli.

      Une fois vaincue la résistance de Sarang, le directeur de l'ONG indienne NYSASDRI, qui tremble toujours pour ma sécurité, j’ai pu faire les 750 km en train jusqu'à Jeypore.  Mais, pour les 120 derniers kilomètres qui couvrent une région montagneuse fief des Naxalites (Maoïstes), nous avons dû donc louer une voiture avec chauffeur pour ne pas courir de risques, dès le départ, et  attirer des ennuis à NYSASDRI. Pranaya, pharmacien de formation, mais qui coordonne et supervise de nombreux projets depuis 12 ans  avait pour mission de m'escorter depuis Bhubaneswar et de recruter 4 maçons et 6 aides pour le revêtement en ciment du mur construit par M.A.P au printemps dernier. J'étais ravie car il est agréable, dynamique et se débrouille fort bien en Anglais.

 

La situation sur place :

         Toujours les mêmes problèmes pour recruter des institutrices compétentes et les garder.

Cela empire car le gouvernement, ayant des quotas à respecter, débauche nos professeurs d'origine tribale ou Bengali  Nous avons donc déploré le départ de trois de nos institutrices. Comment le leur reprocher : l’état leur offrait le statut de fonctionnaire à 5 200 roupies et avec nos malheureuses

1 500 roupies nous ne pouvions pas nous aligner !

         Cependant,  le bilan est positif : une dizaine d' anciennes élèves sont, à présent,  fonctionnaires dans l'éducation, la santé ou la police.  Ma première génération de CM2 termine leur 3ème. En avril 2015 elles  pourront, déjà,  aspirer à des emplois correctement payés,  mais on ne peut que leur souhaiter de pouvoir poursuivre leurs études. Notre école est donc un tremplin pour leur donner un avenir ! Ce n'est déjà pas si mal, car sans cette école primaire qui les prend entièrement en charge pendant 5 ans, elles seraient restées illettrées et n'auraient jamais pu intégrer un pensionnat du gouvernement, gratuit à partir de la 6ème.

          Après discussion avec les  professeurs présents cette année, j'ai abandonné l'idée que M.A.P. aide à payer davantage des professeurs pour les fidéliser. C'est mission impossible : on ne pourra jamais leur donner le statut de fonctionnaire  auquel ils aspirent !

 Par contre si on arrivait à recruter une Directrice parlant correctement anglais et capable d'aller sur internet pour nous donner des nouvelles en direct, je pense que cela vaudrait la peine car elle pourrait assurer une certaine continuité et enseigner des rudiments d'anglais au personnel fluctuant.... On recherche donc quelqu'un qui n'appartient pas à une minorité ou qui a dépassé la limite d'âge pour être recrutée par le gouvernement....

Le casting est ouvert mais il n'y a que peu de candidates....

    Pourtant la vie sur le campus est devenue très agréable grâce aux investissements de M.A.P. dans le complexe sanitaire, l'eau courante jusqu'à la cuisine et une partie du potager, l'électrification du campus et les 2 panneaux  solaires qui prennent le relais lors des coupures fréquentes de courant, Et  LE MUR de 350 mètres de long  qui  est vraiment une réussite car vaches, chèvres, cochons ne se baladent plus en toute impunité sur le campus, broutant les plantations et anéantissant le travail des enfants et leur espoir d'avoir quelques légumes pour agrémenter leur riz.

     Aubergines, pois gourmands, tomates, épinards , des papayers et même une superbe bananeraie de bananes plantain sont sortis de terre et grandissent sans prédateur. Une belle récolte de piments s'annonce dans les 2 jardins hydroponiques.

 

     L’an dernier, les crédits destinés à la construction du préau ont été engloutis dans l’édification de notre mur d’enceinte mais cette année mon rêve a pu devenir réalité !

      Une rapide évaluation des coûts m'a montré que peu ou prou  nous avions suffisamment d'argent  pour leur construire ce hangar amélioré.... Ce qui correspondait bien à ce qui était notre priorité: un espace pour les enfants, bien à elles, pour manger, étudier, jouer, faire leur gymnastique, danser, paresser à l’abri d’un soleil de plomb ou d’une pluie torrentielle.

                    Le bureau de M.A.P nous ayant donné son accord, nous avons foncé Pranaya et moi tête baissée dans l'aventure :

   Le projet était un préau à structure métallique de 16 m sur 8 m d’une hauteur de 4,60 m au centre et de 3,65 m sur les côtés posé sur une plate-forme de 60 cm de haut ( à cause des inondations  pendant la saison des pluies) avec un petit muret sur son pourtour qui servirait de  banquette.. 

     Mais construire ce type de hangar basique chez nous, devient, dans ce coin reculé de l’Inde et avec Pranaya et moi comme maîtres d’œuvre, une entreprise prométhéenne.

     Nous avons du nous improviser géomètres pour tracer au sol le plan du bâtiment et trouver des matériaux adéquats mais ultra-novateurs ici : 10 piliers métalliques de 30 cm de section et 5 fermes destinées à soutenir la toiture et des tôles colorées en acier galvanisé mélangé à de l’aluminium, ce qu’il y a de mieux parait-il pour protéger des hautes températures.

     Nous n’avions qu’une idée approximative du coût de la structure métallique car l’ouvrage se paye au poids livré : 80 roupies soit 1 € le kilo.

             Je ne décrirai pas le chantier par le détail : photos et vidéo sont là pour l’illustrer.

   Il a fallu abattre de grands arbres plus ou moins sacrés, remblayer la plate-forme, replanter ailleurs les aubergines qui risquaient d’être écrasées par la noria des tracteurs livrant les matériaux, vérifier l’implantation exacte des piliers car avec la structure métallique on ne pouvait pas se contenter d’à peu près et ensuite, mettre en place avec les moyens du bord des traverses de 120 kilos et de plus de 7 mètres de long sur des piliers  à 3,65 m du sol ! Ce fut épique mais bon, tout se passa bien.

             Quand je suis partie, le toit n’était pas encore posé. J’étais un peu frustrée de ne pas pouvoir contempler notre œuvre achevée.  Depuis, j'ai reçu les photos de notre préau pratiquement terminé et il paraît que le nombre de visiteurs ne cesse d'augmenter: notre préau est devenu la curiosité du coin comme, en son temps, l'avait été notre complexe sanitaire!

             Je crois que l'on peut déjà dire : mission accomplie. Ce fut un tour de force, rendu possible par la présence de Pranaya à mes côtés !

                  Au cours de ces 5 semaines sur place, les 350 mètres de mur furent aussi recouverts de leur enduit de ciment pour assurer leur longévité ; une sortie scolaire avec pique nique au bord du lac de Satiguda , à 20 km, organisée ; les bicyclettes remises en état ; un tracteur de sable donna un regain d'activité à la fosse au saut en hauteur et longueur; de nouvelles cordes à sauter, volants et raquettes de badminton et un ballon de volley, de même que les échasses et autres jeux apportés de France animèrent soirées et week-ends ; sans oublier la distribution de matériel scolaire individuel et collectif et l'amélioration de l’ordinaire pour quelques repas avec du poulet ou des œufs; l'amélioration aussi de l'hygiène avec l'achat de filtres à eau pour les enfants, des conditions de vie par la réparation de la pompe à main, le changement des robinets qui fuyaient dans le complexe sanitaire, l'achat de tuyaux d'arrosage et de différents outils  pour faciliter la vie et les menus travaux d'entretien.... Nous avons aussi fêté Saraswati puja en l'honneur de la déesse de l'éducation et Kolpana, la fillette que nous avions fait opérer d'un strabisme avancé il y a 2 ans a pu nous rendre visite : son année de 6ème se passe très bien, elle est beaucoup plus sûre d'elle même. Nous continuons à la parrainer, si on peut dire : 26 € pour un salwar kamis (tenue locale), 2 paires de chaussures, un sac à dos et des fournitures scolaires... sa famille est vraiment extrêmement pauvre .

 

Rapport financier :

Nous avons dépensé cette année 5172 €

540 € pour le parrainage de 3 enfants à l'ODM school de Kashipur

48 € de matériel acheté en France : posters ardoises, pochettes  transparentes, tampons encreurs etc

427 € pour toutes les actions précédemment mentionnées.

4157 € pour la construction de notre préau.